L’autoroute est un univers clos, strictement normalisé, que l’on traverse habituellement de façon secondaire, presque inconsciente, à la fois concentré sur la conduite et souvent distrait par une activité concomitante (conversation, écoute radiophonique …). Elle est isolée de son environnement, détachée du paysage, et crée un univers totalement artificiel, frontal, quasi abstrait. La monotonie du déplacement entraîne une sorte d’indifférence dans la traversée de cet espace apparemment banal, laissant une impression de pauvreté intrinsèque que renforce l’industrialisation des équipements, la normalisation du tracé, l’uniformité de la signalisation. Le cadre du pare-brise filtre la vision encore focalisée par la vitesse, en une trouée vers l’avant. Le proche n’est jamais regardé dans cette anticipation en train de se produire. Tout se précipite au-devant du voyageur qui est guidé dans un espace clos, presque totalement privé de latéralité. Les abords fuient sans êtres vus. La vitesse, la mécanisation, la signalisation construisent les scènes d’un paysage en mouvement pour un public captif, quelque peu craintif, à la gestuelle réduite. C’est cet univers autoroutier qui a voulu être révélé ici afin d’en faire voir la réalité, les particularités, la séméiologie, l’abstraction.
landscapes 130 The highway is a closed, strictly normalised universe, which we cross usualy in a secondary, almost unconcious way, at the same time focused on driving and often distracted by a concomitant activity (conversation, radio listening ...). It is isolated from its environment, untied from the landscape, and create a totaly artificial, frontal, almost abstract universe. The dullness of the trip entails a kind of indifference in the crossing of this apparently commonplace space, leaving an impression of intrinsic poverty enhanced by the equipment industrialisation, the standardisation of the path, the uniformity of the road marking. The frame of the windscreen filters the vision yet focused by the speed, in a hole forward. The close is never watched in this anticipating occuring. Everything rushes in the front of the traveler who is guided in a closed space, almost deprived of laterality. The edges flee without beeing seen. The speed, the mechanization, the signaling build the scenes of a landscape in movement for a captive audience, somewhat fearful, and in reduced body gesture.